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Die Kinder von Izieu

Enfants_d_Izieu
Par Patrice
"It’s a song about the sacrifice of one generation by another one"
(Leonard Cohen)

Pour que ça ne se reproduise plus jamais.
En 1941 et avec l’aide de l’OSE  (Oeuvre de Secours aux Enfants),
Sabine Zlatin (décédée le samedi 21 septembre 1996 à l’âge de 89 ans) ouvre un refuge pour enfants juifs à Palavas-Les-Flots. Mais la situation se dégradant dans l’Hérault, ils partent avec quelques enfants vers l’Ain, à Izieu, petit village qui surplombe le Rhône à la limite de la Savoie et de l’Isère. Les enfants, brutalement séparés de leur famille, orphelins d’un ou deux parents, dont beaucoup ont subi des mois d’internement, réapprennent petit à petit à rire, jouer, à croire en un avenir possible.

Début avril 1944, elle se rend à Montpellier pour demander l’aide de l’Abbé Prévost. C’est ainsi qu’elle échappe involontairement à la rafle.
Le 6 Avril 1944, alors que les enfants se préparent à prendre leur petit déjeuner, deux camions et une voiture de la Gestapo de Lyon – sous commandement de Klaus Barbie – font irruption dans la cour et arrêtent brutalement toutes les personnes présentes.
Envoyés à Drancy, 34 enfants et 4 adultes sont déportés à Auschwitz-Birkenau le 13 avril 1944 par le convoi n°71.
A l’exception de Lea Feldblum, tous ont été gazés comme les
8 autres enfants partis dans les convois 72 (29 avril),
74 (20mai),
75 (30 mai) et 76 (30juin).
Miron Zlatin et les deux adolescents les plus âgés, Théo Reis (16 ans) et Arnold Hirsh (17 ans) sont déportés le 15 mai 44 par le convoi numéro 73, uniquement composé d’hommes dans la force de l’âge.
C’est dans la forteresse de Tallin en Estonie, que les SS viennent les chercher pour les exécuter dans la forêt toute proche.

Le procès de Klaus Barbie (mort en prison 25 Septembre 1991) s’ouvre le 11 Mai 1987, Maître Serge Klarsfeld représentant les familles des enfants d’Izieu.
En 1987, au lendemain du procès de Klaus Barbie, déclaré coupable de ce crime contre l’humanité, se constitue autour de Madame Sabine Zlatin, l’association du Musée-mémorial d’Izieu.
Il s’agit pour les fondateurs, venus de tous les horizons, de se porter acquéreurs  de la Maison d’Izieu et d’y créer un musée ayant pour thème les enfants juifs d’Izieu et le crime contre l’humanité.

François Mitterrand, alors Président de la République, inaugurera la Maison d’Izieu le 24 avril 1994 en présence de nombreuses personnalités, dont Jacques Chirac.
Source :
http://www.izieu.alma.fr/francais/frame_principale.htm
Excellent site francophone où vous trouverez l’histoire complète des 44 enfants d’Izieu.

En 1994, le chanteur allemand Reinhard Mey publie "Die Kinder von Izieu" (Les enfants d’Izieu), une chanson bouleversante de réalité dont vous trouverez le texte complet sur ce site :
http://auschwitz.dk/children/id4.htm
(excellent site anglophone).
Mey n’épargne aucun détail, et, contrairement à son habitude, ne change aucun des noms propres. Lors de la tournée de 1995, c’est la voix brisée par l’émotion qu’il présente la chanson.

Je vous ai fait ci-dessous un traduction, corrigée par Anatole. 😉
Les Enfants d’Izieu (Die Kinder von Izieu)

Ils étaient remplis de curiosité, ils étaient pleins de vie,
Des enfants, ils étaient quarante quatre.
Ils étaient exactement comme vous, enfin, comme sont tous les enfants,
Dans une maison à Izieu, surplombant la vallée du Rhône.
Leur fuite devant l’invasion allemande les avait réunis –
Et derrière chaque nom on sent la peine amère –
Tous restaient seuls au monde,
Serrés l’un contre l’autre en ces temps meurtriers.
En 1944, l’époque des âmes damnées,
Où l’informateur et le pisteur dirigent la chasse humaine.
Ici, ils ne chercheront personne, ici en haut de la montagne,
Les enfants d’Izieu, ici tout au bout du monde.
Joseph qui peut peindre des paysages avec des chevaux,
Théodore qui apporte le fourrage aux poulets et aux vaches,
Liliane qui écrit si bien, il faut qu’elle devienne écrivain plus tard,
Le petit Raoul qui chante à longueur de journée.
Et Elie, Sami, Max et Sarah, comme eux tous ont quelque chose :
Chacun a son talent, son don, son unicité,
Chacun porte en lui un cadeau que personne ne pourrait lui retirer,
Un cadeau qu’ils préservent et qu’ils aiment, chacun à sa manière.
Mais un mauvais pressentiment plane depuis longtemps sur leurs jeux
La crainte d’être découvert pèse sur chaque jour nouveau,
Et derrière chaque rire on entend un sombre avertissement :
Chaque voiture qui vient peut apporter le malheur.
Au matin du jeudi saint, ils sont venus,
Soldats dans de longs manteaux et hommes en civil.
Un jour ensoleillé, ils les ont tous, tous raflés,
Entassés sur des camions et personne n’a dit où ils allaient…
Certains saisis par l’angoisse ont commencé à chanter,
Certains ont prié, puis ils sont restés muets.
Certains ont pleuré et tous, tous ont tous pris
Le même chemin vers leur martyre.
La chronique rapporte avec exactitude la liste des noms,
Le numéro des wagons et à quel train ils étaient accrochés.
Le numéro du convoi avec lequel ils sont arrivés dans le camp.
La chronique montre qu’aucun n’a échappé aux assassins.
J’entends qu’aujourd’hui tout cela fait partie de l’Histoire
Qu’il faut tourner la page, finalement, après toutes ces années.
Je parle, je chante et s’il le faut, je hurlerai
Afin que nos enfants apprennent qui ils étaient :
Le plus vieux avait dix-sept ans, le plus jeune en avait quatre,
On les a conduits depuis la rampe de Birkenau jusqu’à la chambre à gaz.
Je les verrai toute ma vie et je garde
Leurs noms gravés dans mon âme.
Ils étaient remplis de curiosité, ils étaient pleins de vie,
Des enfants, ils étaient quarante quatre.
Ils étaient exactement comme vous, enfin, comme sont tous les enfants,
Dans une maison à Izieu, surplombant la vallée du Rhône

Reinhard Mey, 1994, Immer Weiter.
(C) Maikafer Fliege Verlag / Intercord.
Patrice.

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